(Pikovaïa
Jama, 1834)
Babel, 2012, 64 pages
Traduction d’André
Markowicz
Une vieille comtesse passe pour détenir un secret : la
combinaison de trois cartes permettant de gagner à tous les coups. Un homme en
entendant parler décide de se le faire confier et tous les moyens seront bons
pour arriver à ses fins.
La
dame de pique signifie une malveillance cachée – Nouveau livre de divination
Les emportements des gens habituellement raisonnables
conduisent à la folie : c’est un ressort qu'utilisera Gogol dans plusieurs Nouvelles de Saint-Pétersbourg.
Ce qui est remarquable ici, c’est la richesse d’un texte si
court ; c’est d’ailleurs l’occasion de montrer qu’une nouvelle peut
véhiculer bien des choses et raconter une histoire tout à fait complète et
subtile.
Hermann est le fils d’un
« Allemand russifié » qui lui a laissé un petit capital et qu’il
n’ose pas toucher. Il ne joue donc jamais aux cartes. Mais l’histoire de la
comtesse lui a fait entrevoir un tout autre destin que celui qui est le sien.
Une fois le décor posé et le suspens aménagé, le rythme
s’accélère et, bien que tout indique une proche catastrophe, la fin très
réussie, à la fois brutale et pleine de malice, nous réjouit.
L’univers de l’histoire est attractif, mystérieux : la demeure
de la comtesse allée au bal est comme le château de la Belle au bois
dormant ; les rues de Saint-Pétersbourg la nuit semblent habitées de
fantômes. La comtesse elle-même, très vieille, au caractère de sorcière, se
rira de son adversaire d’un clin d’œil.
Tous ces éléments donnent à ce texte si court une résonance
particulière qui en fait tout le charme.
A lire au moins une fois dans sa vie.